La chirurgie pulmonaire désigne toutes les procédures chirurgicales au niveau de la poitrine et des poumons. Il peut autant s’agir d’affections bénignes, comme un pneumothorax, que d’affections malignes, comme un cancer du poumon.
Au Centre hospitalier Jan Yperman, nous souhaitons aborder toutes les pathologies pulmonaires de manière pluridisciplinaire. Pour ce faire, nous collaborons de manière intensive avec d’autres spécialistes comme des pneumologues, oncologues et radiologues, par exemple. Sur ce site Web, nous vous expliquons plus en détail les aspects techniques de votre opération.
Ces dernières années, la pratique de la chirurgie pulmonaire a connu une évolution très rapide. Alors qu’auparavant, on pratiquait une grande incision, l’intervention est désormais réalisée via 1 à 3 petites incisions. Cette procédure porte le nom de « thoracoscopie » ou chirurgie en trou de serrure. En outre, tous les soins pré- et postopératoires sont organisés selon un trajet de soins spécifique. Pour ce faire, nous nous basons depuis quelques années avec succès sur le programme ERAS. ERAS est l’abréviation de Enhanced Recovery After Surgery. Il s’agit d’un programme de qualité à propos d’une opération, dans lequel on rassemble tous les facteurs qui ont une influence positive sur votre rétablissement.
1/ Soins de qualité avant l’opération
Votre médecin vous donnera des explications sur le déroulement périopératoire complet.
Évaluation du risque de l’intervention et optimisation de l’état général :
Outre l’étendue de l’intervention, votre état général détermine également la rapidité de votre convalescence. Sur une base clinique et sur la base des tests fonctionnels, votre médecin évaluera votre état général. Nous constatons souvent que l’appétit et le niveau d’activité diminuent suite à la maladie et/ou aux traitements déjà effectués. Si nécessaire, on vous proposera d’augmenter vous-même vos activités, avant l’intervention, ou de suivre un court programme de revalidation. Le cas échéant, on vous donnera également des conseils diététiques.
Avant l’opération, tous les patients sont adressés à notre kinésithérapeute, pour apprendre des exercices respiratoires spécifiques qui contribueront à la guérison postopératoire.
Pour optimiser votre fonction pulmonaire, nous vous demandons de ne pas fumer, 4 semaines avant l’intervention, et de limiter votre consommation d’alcool pendant 4 semaines.
Consultation préopératoire chez l’anesthésiste
Au Centre hospitalier Jan Yperman, nous prévoyons un bilan préopératoire au service d’Anesthésie. Ainsi, vous recevrez toutes les explications nécessaires au sujet des médicaments à prendre ou à arrêter, et votre dossier sera tout à fait en ordre pour l’intervention.
2/ Soins de qualité le jour de l’intervention
Éviter un jeûne prolongé
Vous pouvez absorber de la nourriture solide jusqu’à 6 heures avant l’intervention. En pratique, nous demandons de ne plus manger à partir de minuit. Vous pouvez boire de l’eau jusqu’à 2 heures avant l’intervention.
Checklist
Le jour de l’intervention, on parcourt une checklist à différents moments. Il se peut que vous deviez répondre plusieurs fois aux mêmes questions. Ceci a pour but d’optimiser la sécurité des patients. Dans ce cadre, toute l’équipe réalise un « time out » juste avant l’intervention.
Anesthésie
L’intervention est pratiquée sous anesthésie générale. Juste après l’intervention, on vous réveillera en salle d’opération.
Lutte contre la douleur et cathéters
Il est très important d’éviter la douleur après l’intervention. En effet, la douleur empêche une bonne ventilation des parties inférieures du poumon, assurément chez les patients alités. La mobilisation et la lutte adéquate contre la douleur sont donc très importantes pour la convalescence.
Lorsqu’on enlève un lobe pulmonaire complet (lobectomie), on met en place un cathéter épidural. Ceci est effectué en salle d’opération, lorsque vous êtes réveillé. L’avantage est que cela permet une anesthésie locale au niveau de la paroi thoracique. Sous narcose, on posera une sonde vésicale et un cathéter artériel au niveau du poignet. Si le lobe a été enlevé via 1 incision de +/- 7 cm, on peut décider de ne pas mettre de cathéter épidural.
Lorsqu’on n’enlève qu’un petit morceau de tissu pulmonaire, ce qu’on appelle une « résection cunéiforme », on ne met pas de cathéter épidural. En effet, cette intervention est de courte durée et peu invasive. Pendant l’intervention, l’anesthésiste ou le chirurgien réalisera un « bloc paravertébral ». Cette technique permet également d’anesthésier localement la paroi thoracique, mais seulement pour quelques heures. L’avantage de cette technique est qu’il ne faut pas mettre de sonde vésicale. Lors d’une résection cunéiforme, on ne pose que 2 perfusions périphériques.
Technique mini-invasive : la chirurgie en trou de serrure
Au Centre hospitalier Jan Yperman, toutes les interventions pulmonaires sont en règle générale pratiquées via une technique laparoscopique.
Lors d’une résection cunéiforme, on pratique 2 incisions de +/- 2 cm. Lors d’une lobectomie, on pratique en général 2 petites incisions de 1,5 cm et une incision de 5 cm.
Le réveil
Juste après l’intervention, on vous réveillera en salle d’opération. Après une lobectomie, vous passerez une nuit au service des Soins intensifs. Après une résection cunéiforme, on vous conduira en salle de réveil. Au bout de +/- 2 heures, on vous ramènera dans votre chambre.
Boire et manger
Le programme ERAS contient un certain nombre d’éléments visant à éviter les nausées après l’opération. Toutefois, cela ne réussit pas toujours.
Après votre réveil, vous pourrez boire un peu d’eau. S’il n’y a pas de problèmes, vous pourrez prendre un repas léger, environ 6 heures après l’intervention. Vous sentirez vous-même si vous avez envie de manger.
Mobilisation
Deux heures après l’intervention, vous ferez des exercices respiratoires au lit, avec le kinésithérapeute. En effet, pendant l’intervention, on ne laisse pas d’air dans le poumon opéré. Il est important que le poumon se redéploie bien après l’intervention. Si votre état le permet, vous pourrez vous asseoir dans le fauteuil le soir de l’opération.
3/ Soins de qualité les jours suivant l’intervention
Boire et manger
Le lendemain de l’intervention, vous pourrez boire et manger normalement.
Cathéters et drains
Pour favoriser la mobilité, nous essayons d’enlever les perfusions, cathéters et drains le plus vite possible. Il va de soi que nous tenons compte de votre situation clinique.
Après une lobectomie, il est possible que de l’air s’échappe temporairement du poumon opéré. Ceci porte le nom de fuite d’air. Chez la plupart des patients, cette fuite d’air disparaît au bout de 2 jours. En principe, le drain thoracique sera donc enlevé après 2 jours. Étant donné que la présence d’un drain thoracique entre les côtes est douloureuse, le cathéter épidural, la sonde vésicale et la perfusion resteront en place jusqu’à ce qu’on enlève le drain. Le cathéter épidural sera enlevé au plus tard après le troisième jour.
En cas de résection cunéiforme, le drain thoracique sera enlevé le lendemain de l’intervention, en tenant compte de la présence possible d’une fuite d’air. La perfusion sera également enlevée. Le lendemain de l’intervention, vous n’aurez donc en principe plus de cathéters. Les antalgiques seront administrés en comprimés.
Mobilisation
Le lendemain de l’intervention, vous commencerez à vous promener dans le couloir, sous la surveillance d’un(e) kinésithérapeute. Avant votre sortie, vous monterez et descendrez les escaliers avec le/la kinésithérapeute.
Sortie
Après une résection cunéiforme, vous pourrez quitter l’hôpital au bout de 3 jours. Après une lobectomie, il faut compter 5 jours. Il va de soi que chaque patient et chaque intervention sont uniques, et que la durée de l’hospitalisation peut donc varier en conséquence.
Vous pouvez quitter l’hôpital si les conditions suivantes sont remplies :
4/ Soins de qualité après votre sortie
En principe, il vous faudra peu de soins supplémentaires à domicile. Après votre sortie, vous pourrez marcher et effectuer de légères tâches ménagères. Vous pourrez également aller vous promener. Bien que l’intervention soit pratiquée de manière mini-invasive et que l’hospitalisation soit courte, il faut toutefois tenir compte d’une période de convalescence, qui dure environ 4 semaines après une résection cunéiforme et 3 mois après une lobectomie. À cet égard, il est très important que vous entreteniez votre condition physique chaque jour, par exemple en allant vous promener, en faisant du vélo d’appartement… Essayez de retrouver votre rythme habituel le plus vite possible, mais n’oubliez pas que vous serez plus vite fatigué.
Lors de votre sortie, il se peut que les résultats de l’examen microscopique ne soient pas encore connus. Au bout de 2 semaines, vous reverrez votre pneumologue pour discuter des résultats et de la nécessité éventuelle d’un traitement complémentaire. Au bout de 4 semaines, un contrôle est prévu chez le chirurgien.
5/ Complications
Fuite d’air
Lorsqu’on enlève une partie du poumon, cela crée une plaie au niveau du tissu pulmonaire restant. Il se peut que de l’air s’en échappe encore après l’intervention. Cet air sera enlevé de la cage thoracique grâce au drain thoracique. Si l’air s’accumulait dans la cage thoracique, vous feriez un pneumothorax. Le drain thoracique ne pourra donc pas être enlevé tant qu’il y aura une fuite d’air. Dans l’immense majorité des cas, la fuite d’air se résorbe spontanément et il ne faut pas réopérer.
Saignement ultérieur
Un saignement ultérieur est heureusement rare, mais cela reste toujours possible. Ainsi, une des plaies peut continuer à saigner.
Pneumonie
Durant l’intervention, on ne laisse pas d’air dans le poumon, qui s’aplatit donc tout à fait. Après l’intervention, le poumon doit se redéployer complètement. Chez les patients alités, les parties inférieures du poumon sont moins ventilées. Après une chirurgie pulmonaire, il y a donc un risque réel de développer une pneumonie. La mobilisation rapide après l’intervention est donc très importante. Comme décrit ci-dessus, vous bénéficierez de kiné respiratoire, et vous serez déjà installé dans le fauteuil le jour de l’intervention.
TVP et embolies pulmonaires
En cas d’immobilisation prolongée après l’intervention, des caillots de sang peuvent se former dans les veines des jambes. Pour prévenir cette complication, on vous mettra des bas de contention sur mesure et vous recevrez des piqûres dans le ventre après l’intervention.
Troubles du rythme
Comme les poumons se trouvent à côté du cœur, l’innervation du cœur peut être légèrement perturbée peu après l’intervention. Ceci peut provoquer des irrégularités du rythme cardiaque et des palpitations. Si c’est le cas, votre rythme cardiaque sera contrôlé en chambre via une télémétrie. Dans la plupart des cas, le rythme cardiaque peut revenir à la normale grâce à des médicaments.
Infections des plaies
Elles sont peu fréquentes. Une légère rougeur peut survenir au niveau de l’incision du drain thoracique, mais elle est généralement due à un frottement et n’est pas le signe d’une infection. Après le retrait du drain thoracique, une légère fuite de liquide pleural est possible au niveau de la plaie. Ceci doit avoir disparu pour que vous puissiez quitter l’hôpital. Si cela se produit après votre sortie, contactez votre chirurgien.
6/ Coordonnées en cas de problèmes
Après votre sortie, si vous ressentez des douleurs qui vous empêchent de fonctionner normalement, si vous avez de la fièvre ou si votre état général se dégrade, nous vous conseillons de contacter votre chirurgien.
Si vous avez d’autres questions, vous pouvez toujours contacter le médecin concerné ou l’infirmier/-ère onco.